6è Journée Transfrontalière – Clairefontaine 03 mars 2019
FFHY LORRAINE – CArmen SALA – 6è Journée transfrontalière – 3 Mars 2019
Biblio : Upanishad A.Degrâces – Enseignement Sri Mahesh – Jacques de Coulon – Micheline FLAK
PRATYÂHÂRA, une étape vers l’intériorité du yoga extérieur pour aller vers un yoga intérieur … C’est cette frontière que marque Pratyâhâra.
A travers YAMA, le yogi porte soin attention aux autres et se met en paix avec le monde.
A travers NIYAMA, il porte son attention à son vécu et se met en paix avec lui-même.
A travers ASANA, il porte son attention à son corps et se met en paix avec ses sensations physiques.
A travers PRÂNÂYÂMA il porte son attention à son souffle et se met en paix avec ses énergies.
Notre yogi en est là de son voyage lorsque soudain va se produire un étonnant effet psychophysiologique quasi spontané qui va fortement accentuer son autonomie par rapport au monde extérieur : PRATYÂHÂRA.
Étymologie
Pratyāhāra : fait de retirer ; retraite, abstraction ; dissolution | philo. La concentration par rétraction des sens, 5e étape du rājayoga ;
Le yoga nidra est considéré comme une catégorie du raja yoga. C’est une méthode du Pratyahara. Progressivement nous quittons le conscient pour aller vers l’inconscient.
Lorsque la conscience opère par un seul canal sensoriel, par exemple l’ouïe, sa sensibilité augmente grandement et elle devient encore plus importante quand elle se désencombre de toutes les associations sensorielles.
Extraits des SUTRA de PATANJALI
Les sens affectent sans arrêt le mental qui est par nature instable et agité : la vue, les sons, les odeurs ou toute autre sensation liée aux objets.
Toutes les associations d’idées, les images, les imprégnations subconscientes vont s’ajouter et distraire le mental qui doit en être libéré sans pour autant perdre son aptitude de représentation
Le pratyâhâra consiste « à tourner les facultés mentales au-dedans », à interrompre le discours intérieur alimenté par les sensations et à expérimenter la paix de l’esprit.
Cette capacité n’est possible qu’après une longue pratique posturale, contrôle du souffle et de concentration.
Toute notre pratique est basée sur les points d’appuis que nous prenons lors de notre pratique : appuis du corps, appuis sur le souffle, appuis sur la sensation, appuis sur la visualisation.
Pratyâhâra est donc ce moment de la pratique où, le contenu du mental ayant commencé à se calmer et s’intérioriser, les organes sensoriels sont en quelque sorte entraînés dans la même direction, se détachant par-là même des objets extérieurs qui constituent leur habituelle « nourriture » et représentent une source majeure de dérangements.
Sentir au lieu de penser…Dans la concentration sensorielle on n’a pas à penser à ses actes, à les analyser ou à les disséquer, mais uniquement à les regarder, à s’intéresser aux plus insignifiants d’entre eux, à être attentif aux plus petits mouvements, à se voir agir.
Je m’applique à prendre conscience de tous les gestes que je fais dans mes postures mais comme dans tous les actes que je vais faire. Cela constitue un excellent exercice contre le vagabondage cérébral qui entraîne la pensée dans toutes les directions.
Upanishad du yoga « quant au 5ème degré du Yoga qui consiste en une rétraction des pouvoirs de sensation et d’action, afin d’abolir tous désirs, l’adepte du hatha Yoga le réalise lorsqu’il pratique la Tenue du souffle » Jean Varenne précisera que la pensée libérée de la présence obsédante de la réalité sensible a tendance à vagabonder plus qu’à l’ordinaire et qu’il faut associer à Pratyâhâra une technique de concentration mentale destinée à discipliner la pensée
Le souffle est le fil conducteur dans la pratique du Hatha Yoga. Il relie sans cesse les espaces internes et externes de notre corps. Il est le meilleur moyen pour calmer l’agitation intérieure.
Il y a un abîme entre un geste machinal et le même geste accompli avec une parfaite attention. Des pratiques posturales jusqu’au seuil de la méditation, la concentration se situe au cœur de toutes les techniques du hatha yoga.
La maitrise du souffle intériorise l’espace extérieur, ouvre au retrait des sens qui permet le dégagement d’un espace intérieur.
Cette conquête de l’espace intérieur est un premier pas, un tournant qui clôt le yoga de l’action (kriya-yoga).
Selon la Bhagavad Gîta « le yogi retire ses sens des objets sensoriels comme une tortue rentre sa tête et ses pattes sous sa carapace »
C’est fermer les fenêtres qui donnent sur la rue pour ouvrir celles qui donnent dans votre jardin intérieur. Se retirer dans son jardin c’est écouter la vibration subtile du souffle de vie, c’est regarder dans l’espace de son cœur, c’est observer toutes les pensées avec vigilance et détachement.
Swami Satyananda commente ainsi ces deux versets : « Les exercices de pratyahara ont tous pour but de purifier la perception sensorielle et de la tourner vers l’intérieur. » Il précise : « Impossible d’aller à dharana (la concentration) et à dhyana (la méditation) sans avoir traversé le champ de pratyahara (le retrait des sens). » Maîtriser l’empire des sens pour cultiver son intériorité : tel est le but de pratyahara. Les sens intérieurs n’ont pas le même lieu d’ancrage dans le cerveau que leurs homologues extérieurs. D’où cette loi : plus on utilise de sens (extérieurs et intérieurs) pour l’assimilation d’une matière, mieux elle sera apprise, chaque sens correspondant à une zone spécifique du cerveau.
PRATYAHARA : l’intériorisation des sens – passer du yoga extérieur (bahiranga) au yoga intérieur (antaranga) – Le développement d’une attention au quotidien permettra
- de diminuer la dispersion du mental et les pertes d’énergie qui en découlent ;
- de favoriser une plus grande présence aux autres et à soi-même ;
- et surtout d’accéder à des états plus subtils de prise de conscience intérieure.
Dans yoga Nidra, on entraine le mental en le faisant passer au travers d’une série de pratiques. Du point de vue scientifique, il a été prouvé que lorsqu’on fixe son attention sur les parties du corps, les sensations ou les visualisations requises, on accède aux commandes des centres supérieurs du cerveau.
C’est grâce aux différents points d’appuis que nous prenons dans yoga nidra que nous allons cesser de penser en termes de point d’appui et que l’on va penser en termes de transformation, de non – obstacle à cette lumière et puis à s’ouvrir à une autre dimension car l’esprit se sera exercé à cette transformation. C’est la pratique qui permettra cette facilité !
Nidra, c’est le sommeil ! c’est sushupta (sommeil profond) ! il n’y a plus d’objet ! l’objet au-dedans est devenu point d’appui. Le point d’appui est un exercice qui permet d’arriver au sans point d’appui.-
YOGA Nidra est la préparation à Samyama (dhârana – dyana – Samadhi) et Samyama peut préparer à l’entrée dans ce niveau de sommeil. Un travail très profond sur soi-même qui amène l’être humain à une transformation dans son rapport aux choses, à lui-même et à entrer dans une autre dimension.
Ce qui est visé c’est l’éveil !
Chercher le lien à l’espace intérieur (desha bandha) et c’est l’espace qui va absorber l’objet et nous permettre de nous détacher de l’objet.
CONCLUSION – le commentaire de Bhoja roi de Dhâra (1018) Poète et dramaturge d’expression sanskrite. On lui attribue aussi des ouvrages de poétique, grammaire, philosophie, architecture et doctrine shivaïte
« En réalité le yoga est un phénomène dont l’origine peut être obtenue à l’aide des observances pour autrui, pour soi, etc… Il éclot avec les postures et les régulations du souffle. Il fleurit avec la rétraction sensorielle, il fructifiera avec l’attention, la concentration et la méditation. Ici se termine l’explication du Livre de la méthode ».